Un nouveau genre pictural: le paysage méditerranéen

Voyage pittoresque Adam ca 1840Les paysages méditerranéens ont particulièrement intéressé les peintres de la modernité. L’invention de ce thème pictural s’inscrit dans une histoire plus large des représentations, qui relève des rapports des hommes au territoire et à l’espace vécu. Les historiens de l’art ont bien établi les sources de ces représentations. Elles remontent à la Renaissance avec l’apparition du paysage en tant que genre artistique majeur, et fait suite à la découverte des règles mathématiques de la perspective. La mise en scène de l’Histoire Sainte va occuper alors une place dominante dans l'art du paysage, à côté des grands épisodes de la mythologie. Ces paysages demeurent cependant européens dans leur ensemble, au niveau de la végétation représentée. Pour comprendre les évolutions de la modernité, l’une des pistes relève du souci des artistes de peindre sur le terrain. Il s’agit au départ de genres mineurs, comme l’aquarelle, redevables aux premiers touristes en villégiature sur les routes de l’Italie. Lorsque les impressionnistes découvrent à leur tour ces régions, la villégiature a profondément modifié leurs paysages, avec l’introduction massive de plantes exotiques. L’importance du palmier dans les représentations témoigne entre autres de l’inscription des artistes dans l’élaboration de ce nouveau paysage, l’exotisme végétal et le monde méditerranéen. Au travers des références religieuses du tourisme originel, ces représentations participent d’une relecture des thèmes bibliques et mythologiques de la Renaissance. L'un de leur apport original relève de la découverte, en 1839, de la loi du contraste simultané des couleurs par le chimiste français Chevreul. Elles relèvent aussi de l'invention d'un nouveau paysage, la Méditerranée des touristes et des orientalistes. 

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Les jardins de la Riviera : parcours socio-botanique

Place de la Cote d'Azur dans les 10 hotspots de la biodiversite en Mediterranee  
*la Provence orientale (Cannes-Grasse)
*la Riviera italienne.
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La villégiature anglaise et l’invention de la Côte d’Azur

Alain BOTTARO, In Situ [Revue en ligne des patrimoines], 24 | 2014, "Architecture et urbanisme de villégiature : un état de la recherche"

Abstract

La Côte d’Azur est une invention anglaise à bien des égards. Elle est d’abord une invention au sens étymologique du terme : entre 1760 et 1860, à l’instar des mondes extra européens, le littoral de la Provence orientale et du pays niçois est objet de découverte. Ici c’est le touriste étranger, celui du Grand Tour, qui pose son regard sur une nature vierge, celle d’une Méditerranée perçue comme édénique. Vient ensuite l’appropriation par le regard de l’autre, par le biais des représentations littéraires et iconographiques des récits de voyages et des vedute. Enfin, arrive le temps du lancement pour employer l’expression consacrée, autrement dit, l’intégration des localités dans le circuit des premières stations de la villégiature internationale. Elle est avant tout une invention britannique : les voyageurs venus d’outre-Manche ont en effet été les créateurs, les propagateurs et les principaux protagonistes de la seconde partie du xviiie siècle au début du xxe siècle de la vocation touristique de la Riviera. Les débuts de la villégiature anglaise de Cannes à Menton entre 1760 et 1860 offrent un champ d’étude exceptionnel du processus de l’invention touristique par sa précocité et sa durée mais aussi par la diversité de ses manifestations et de ses conséquences. Le littoral compris entre le massif de l’Esterel et les premiers contreforts des Apennins se distingue et s’individualise dans l’esprit des premiers voyageurs comme la porte de l’Italie. La Riviera demeure jusqu’au milieu du xixe siècle encore liée à l’imaginaire du Grand Tour ou du voyage d’Italie. Pourtant, le temps de l’installation pour la villégiature d’hiver connaît ses prémisses à Nice dès les années 1760. Se constituent ainsi très tôt des quartiers anglais de la villégiature qui commencent à façonner le paysage par l’introduction de modes de construction et un urbanisme nouveaux. Ces premières colonies d’hivernants furent le New Borough au quartier niçois de la Croix de marbre, les quartiers de la Croix des gardes à Cannes ou encore de Carnoles ou de Garavan à Menton. Constituées en marge des localités et de la société locales, leur influence sur celles-ci ne cessera de s’accroître par les capitaux financiers qu’elles sont capables de mobiliser et la notoriété des plus illustres de ses membres. Emergent ainsi les figures de Lord Brougham à Cannes et de James Henry Bennett à Menton, les inventeurs des nouvelles stations entre 1834 et 1860. La villégiature britannique a suscité des transferts culturels et techniques dont les multiples manifestations ont profondément transformé l’économie locale et partant, la société traditionnelle. Le mode de vie des hivernants et leur perception des paysages méditerranéens ont donné naissance entre 1780 et 1860 à des projets de villas maritimes, de jardins et d’urbanisme originaux. L’introduction des bains de mer sur la Riviera avant 1860 est emblématique de ces transferts culturels britanniques. L’originalité de Nice réside dans la double influence qui s’y est entrecroisée des modèles italiens et britanniques des pratiques et des architectures balnéaires.

URL : http://insitu.revues.org/11060

DOI : 10.4000/insitu.11060

PDF: http://insitu.revues.org/pdf/11060