CHAPITRE III
SOMMAIRE
1. THERMALISME
2. BALNEARISME
3. CLIMATERISME
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1.THERMALISME
‘Voyage aux eaux’ et hygiénisme
- Les vacances sont considérées de nos jours comme une activité hygiénique et salutaire. Cette opinion bien établie trouve ses sources dans l’antique tradition du thermalisme. Remise au goût du jour sous la Renaissance, elle allait donner naissance aux principales institutions du tourisme moderne, la villégiature et la station, ainsi que leurs pratiques de loisirs sportifs ou mondains. On ne peut donc faire l’économie d’une étude des évolutions du “voyage aux eaux”, si l’on veut véritablement comprendre la nature et l’originalité du tourisme. MONTAIGNE est l’un des précurseurs des conceptions modernes du voyage et notamment de sa dimension thérapeutique. Cette dernière sera plus largement développée par les hygiénistes au siècle suivant. « Le corps n’y est ny oisif ni travaillé, et cette modérée agitation le met en haleine », [MONTAIGNE, Essais, op. cit., p.97. MONTAIGNE rédigea aussi un récit (non publié) de ses voyages, qui fut l’une des sources majeures de ses Essais. Cf. MONTAIGNE Michel de, Journal d’un voyage de … en Italie par la Suisse et l’Allemagne en 1580 et 1581…, Paris, 1775.] rapporte-t-il à ce propos. Il parcourt ainsi les principales stations thermales de la France, de la Suisse, de l’Allemagne et de l’Italie, dans l’espoir de soigner la “maladie de la pierre“ (les calculs) dont il est atteint. A la lecture de son Journal, on s’aperçoit tout d’abord que le “voyage aux eaux” présente bien des affinités avec la tradition aristocratique du tour. Le passage du thermalisme au tourisme se fait par la suite avec l’invention du balnéarisme et l’élaboration du concept de climat. Au delà de leurs préoccupations médicales, balnéarisme et climatérisme rejoignent l’intérêt que les adeptes du tour portent alors au monde rural. En renouvelant durablement les représentations traditionnelles de la nature et du territoire, ces conceptions vont donner au tourisme sa physionomie contemporaine.
Mondanités et distractions
- Dès la fin du Moyen-Age, le thermalisme dispose d’un vaste réseau de stations, réparties à travers toute l’Europe. Elles sont fréquentées par des personnes de qualité, comme par exemple, pour la France, Catherine de Médicis, Henri II, Henri III, Henri IV, Louis XIII, le Cardinal de Richelieu, Louis XIV, Madame de Maintenon, Jacques II, le Grand Condé, Scarron, Boileau, Madame de Sévigné, Voltaire ainsi que Mesdames, filles de Louis XV, et bien d’autres voyageurs éminents. [BOUCHER O, Voyages et cures thermales dans la Haute Société française, pp41-43.] Dans ces stations, la vie mondaine ne perd pas ses droits. Elle occupe même une place prédominante dans les rituels de la cure : « Le premier devoir, en arrivant, c’est de faire à tous les baigneurs qui sont arrivés avant vous une visite qui vous est promptement rendue […/…] Le matin, on se baigne dans une piscine entourée de cuves […/…] Après le dîner, qui a lieu à midi, on se promène dans la plaine ou sur les collines environnantes », [BOUDON Mme de, Lettres de EMC de Bourdon, ou Journal d’un voyage à Paris, en Champagne, en Lorraine, en Alsace et au canton de Basle en Suisse, Troyes, 1791, d’après BABEAU, Les voyageurs en France, op. cit. Outre la station de Bains, où elle recensait plus de trois cents curistes étrangers, Madame de BOUDON décrivait aussi celle de Luxeuil, avec son “Salon” où l’on dansait trois fois par semaine, et celle de Plombières où un petit commerce touristique de bijoux artisanaux contribuait (déjà) à l’agrément du séjour.] rapportent les voyageurs qui viennent “prendre les eaux” et rendre visite dans le même temps à des parents et amis. Préfigurant les loisirs modernes, divers types de divertissements sont déjà proposés aux curistes, afin d’agrémenter leur séjour : « On va à six heures à la fontaine ; tout le monde s’y trouve […/…] On tourne, on va, on vient, on se promène, on entend la messe […/…] Après dîner on va chez quelqu’un […/…] Il est venu des demoiselles du pays qui dansent la bourrée dans la perfection » [A Vichy en 1676, témoignage de SÉVIGNÉ Madame de, Lettres, Paris, Hachette, 1925, d’après MORNAND Félix, La Vie des eaux, Paris, Hachette, 1856, pp4-5.] témoigne par exemple Mme de SEVIGNE, dans des termes voisins de ceux employés par Melle de MONTPENSIER : « On se lève à six heures, on va à la fontaine, on boit jusqu’à huit heures, on se promène dans le jardin, on va à la messe […/…] A trois heures, des comédiens […/…] donnent une représentation. » [D’ORLEANS Melle, Mémoires de Mademoiselle de MONTPENSIER, Paris, Chéruel, 1859, d’après BABEAU, Les voyageurs en France, op. cit.] Le peuple des curistes leur fait écho, ne manquant pas de se plaindre des stations : « où l’on ne peut avoir d’autre divertissement que celui de voir revenir sa santé [ni d’autre] consolation [que les promenades] au bord d’un petit ruisseau, entre les saules et les prés les plus verts qu’on puisse imaginer. » [CHAPELLE et BACHAUMONT, A propos d’Encosse, d’après BABEAU, Les voyageurs en France, op. cit.]
Rural sports et hygiénisme
- Le regain d’intérêt que connaît l’institution antique du thermalisme s’accompagne d’un renouveau de la villégiature rurale. Il va contribuer de manière déterminante aux évolutions des pratiques de la cure, sous l’influence de l’hygiénisme et des premiers symptômes d’une revalorisation romantique de la nature. La villégiature est alors une institution largement répandue, depuis la fin du Moyen Age, dans l’ensemble de l’Europe. Elle consiste dans l’inspection périodique des terres et des domaines, qui représentent l’essentiel du revenu de la noblesse. [On se reportera à BOYER Marc, Le caractère saisonnier du tourisme entre tradition et modernité, op. cit., pp230-234, qui lui attribue l’origine du terme de « vacances ».] Son renouveau est redevable pour l’essentiel aux Anglais, lesquels introduisent dès le XVII° siècle dans leurs manoirs, les jeux de société, les jardins aménagés pour la promenade et la pratique des rural sports. La médicalisation de ces pratiques, théorisée par un médecin britannique, le docteur BURTON, est à l’origine des thérapies qui vont être mises en œuvre dans le cadre du tourisme de station. La villégiature rurale et l’exercice physique apparaissent en effet à BURTON comme un remède souverain contre une maladie qui préoccupe alors les élites de son pays, la mélancolie. Le contact avec la nature, les excursions et les promenades sont au cœur de la panoplie thérapeutique qu’il élabore. Il conseille ainsi d’alterner les séjours à la ville et à la campagne, les soins de l’esprit et ceux du corps. Sa principale prédilection va aux rural sports.
- D’origine populaire, comme le cricket, le football, le golf, le tennis ou l’archery, en passant par le football et le bowling, sans oublier la chasse, la pêche, l’équitation ou la natation, les rural sports vont donner naissance aux sports et aux loisirs modernes. Le docteur BURTON met par ailleurs l’accent sur les vertus hygiéniques de certains climats. « Tel est l’air, tels sont les habitants » [BURTON Robert, The Anatomy of Melancholy, London, 1621, rééd. Bells & Sons, 1893, d’après CORBIN, Le territoire du vide, op. cit., pp72sq.] rappelle-t-il en référence à la tradition hippocratique. Dans ce domaine, il vante les mérites d’un sol sec, sans source de putréfactions et d’un relief de collines offrant les avantages d’un horizon étendu, ainsi que les bienfaits de l’air marin vivifiant et purificateur. Les thèses de BURTON vont conduire, au siècle suivant, au développement de la “climatothérapie” et de la villégiature climatique. Elles rejoignent en effet les inquiétudes qui voient alors le jour dans la société anglaise, à la suite des profonds bouleversements entraînés par l’essor de la civilisation industrielle. On leur attribue notamment, outre leur impact social déstructurant, la recrudescence de l’épidémie de tuberculose qui frappe la Grande Bretagne, avec plusieurs décennies d’avance sur le reste du Continent. En contribuant à renforcer les préoccupations hygiénistes impulsées par les médecins britanniques, l’english malady va donner naissance au tourisme moderne.
De l’hydrophobie à l’hydrothérapie
- Le thermalisme a en effet offert un terrain privilégié pour l’élaboration des conceptions hygiénistes qui sont aux sources de la villégiature thérapeutique. En France, Henri IV institutionnalise par exemple, dès les premières années du XVII° siècle, le contrôle médical des stations de cure. La qualité des eaux est dès lors régie par une ordonnance royale, édictée par l’Académie des Sciences. [LANGEGNIEUX-VILLARD Philippe, Les stations thermales en France, Paris, Puf, 1990, p18.] Les vertus médicinales du bain sont toutefois loin de faire l’unanimité. Héritage des grandes épidémies de peste qui ont ravagé l’Europe, la méfiance envers l’eau est encore très forte. [On se reportera à ce propos à l’étude exemplaire de VIGARELLO Georges, Le propre et le sale, Paris, Seuil, 1985.] Le doyen de la Faculté de Médecine de Paris n’hésite pas, par exemple, à ironiser sur l’efficacité de l’hydrothérapie, en prétendant que : « les eaux minérales font plus de cocus qu’elles ne guérissent de malades. » [WACKERMANN, Le tourisme international, op. cit., p30.]. L’hydrophobie perd cependant rapidement du terrain, sous l’influence des conceptions hygiénistes. Plutôt que d’affronter directement ces résistances, les médecins anglais vont s’attacher à la réhabilitation des propriétés de l’eau de mer. Leurs efforts de promotion de la thalassothérapie sont aux origines de l’essor contemporain du balnéarisme. Avec la réhabilitation des vertus de l’eau et du bain, l’hygiénisme renouvelle le thermalisme. Au XVIII° siècle, il se voit ainsi complété, puis rapidement concurrencé, par l’apparition des premières stations balnéaires. Inaugurées en Angleterre, sur le modèle des stations thermales, elles se répandent rapidement sur l’ensemble du Continent. Des côtes atlantiques à celles de la mer du Nord, de la Baltique et de la Méditerranée, elles vont donner le jour aux premières destinations du tourisme moderne. Le balnéarisme et le climatérisme sont les principaux jalons de ce renouveau des pratiques traditionnelles du thermalisme et de la villégiature.
2.BALNEARISME
Villégiature thérapeutique et urbanisme de station
- Francis BACON passe pour le précurseur du balnéarisme. Il affirme ainsi, dès 1638, que « le bain du corps dans l’eau froide favorise la longévité ». Officiant dans la station anglaise de Scarborough, le docteur Robert WITTIE préconise plus spécifiquement, à la fin du même siècle, l’usage des bains de mer pour le traitement de la goutte. La théorisation de ses vertus médicinales voit le jour à cette époque, avec un autre médecin anglais le docteur FLOYER. Pour lui, le choc qu’entraîne l’immersion dans l’eau froide permet de calmer l’intensité des passions et les dérèglements de l’âme, sources de maladie du fait que « les facultés animales qui nous aident à agir et à raisonner ont alors plus de vigueur à cause de la pression externe de l’air froid ». [CORBIN, Le territoire du vide…., op. cit., pp78-80 et FLOYER, Histoire du bain froid, 1701.] FLOYER va jusqu’à voir, dans les vertus du bain froid, l’origine du baptême par immersion, dont il déplore l’abandon par les églises d’Occident. Il recommande la balnéothérapie pour le traitement des paralytiques et vante dans le même temps les bienfaits de l’exercice physique, de la marche et de l’équitation.
Des vertus de la thalassothérapie
- Au début du XVIIIe siècle, les médecins anglo-saxons élargissent le champ de ses prescriptions et inventent de nouvelles pratiques, comme le “bain à la lame”. Ils mettent aussi au point les innovations architecturales majeures de la villégiature balnéaire. Sous leur influence, l’une des destinations centrales du tourisme moderne voit le jour. Le docteur Roderick Random SMOLLETT [SMOLLETT Roderick Random, An essay of the Exterbal Use of Water, London, 1742, d’après CORBIN, Le territoire du vide…., op. cit., pp80-82. Pour une description des pratiques du bain voir aussi (à Trouville) MORNAND, La Vie des eaux, op. cit., pp52-53.] est l’un des pionniers de ces innovations. Il pratique lui même les bains de mer, ainsi que les séjours climatiques sur les côtes méditerranéennes. Préoccupé par les nuisances générées par les débuts de l’industrialisation en Angleterre, SMOLLETT préconise les vertus de la thalassothérapie comme antidote aux méfaits de la civilisation industrielle et urbaine, pollutions de l’air, fumées et poussières, ordures et mauvaises odeurs, promiscuité, surpopulation ou nourritures frelatées. A la même époque, le docteur Russel met à la mode la station de Brighton, où il exerce. Il recommande l’emploi de l’eau de mer, en bains ou en absorption et vante les qualités antiseptiques du sel et des bains d’algues. « Le bain de mer n’est pas seulement un bain froid, c’est un bain froid médicinal » écrit alors l’un de ses confrères, le docteur SPEED. RUSSEL Dr, A Dissertation Concerning the Use of Sea Water in Diseases of the Glands, London, 1769, et SPEED Dr John, 1766 d’après KNOLL G, « Le développement de l’infrastructure touristique de Brighton et Cannes aux XVIII° et XIX° siècle », in Actes du Colloque de l’union Géographique Nationale, Majorque, 1986.] Un article de l’Encyclopédie consacre, en France, ces conceptions nouvelles. Admettant les vertus médicales de l’eau de mer, dans le traitement de la phrénésie, de la nymphomanie et de l’hypocondrie diurétique, ainsi que pour ses propriétés diurétiques, il reconnaît les bienfaits du bain froid qui « augmente par contre coup la chaleur animale » [MARET, Mémoire sur la manière d’agir des bains d’eau douce et de mer et sur leur usage, 1766 d’après CORBIN, Le territoire du vide…., op. cit., pp77 et 83-84.].
Le thermalisme revisité
- Les développements que connaissent le balnéarisme et la thalassothérapie vont révolutionner les pratiques traditionnelles du thermalisme. Cette métamorphose prend forme en Angleterre, au cours du XVIII° siècle. Connues depuis l’époque romaine, les sources chaudes de Bath en sont le modèle. Elles donnent alors lieu à un réaménagement complet, dans un style antiquisant agrémenté d’infrastructures modernes et conviviales, comme la buvette (pump room) ou la salle de réunions (assembly room). Sous l’influence de ces innovations architecturales, Bath devient une villégiature mondaine de premier plan. [BOYER Marc, « Evolution sociologique du tourisme. Continuité du touriste rare au tourisme de masse et rupture contemporaine », in Actes du Congrès Mondial de Sociologie, Uppsala Août 1978, BROCAS Alfred, The International Illustrated Album Guide for use of travellers and tourists, Nice, Gauthier, 1887, pp33-35 et ENCYCLOPAEDIA BRITANNICA, op. cit., s.v. Bath.] Brighton est l’autre pôle de ce renouveau du thermalisme, avec les docteurs RUSSEL et AWSITER qui y ouvrent des établissements offrant des bains d’eau de mer froide et chaude. Son succès touche les plus hautes sphères de l’aristocratie britannique. Elle devient ainsi le lieu de séjour régulier de la famille royale pendant près d’un siècle. [KNOLL G, Le développement de l’infrastructure touristique…, op. cit. et BROCAS, The International Illustrated Album Guide…, op. cit., pp51-54.] A cette époque, la panoplie thérapeutique du thermalisme s’élargit aussi à la prise en compte de nouvelles pathologies. Lui-même atteint de troubles pulmonaires, le docteur Tobias SMOLETT [SMOLLETT Tobias, Travels through France and Italy, containing observations on character, customs, religion, government, police, commerce, arts and antiquities, with a particular description of the town, territory and climate of Nice, London, Baldwin, 1766, p27.] rapporte à ce propos avoir vu à Bath : « un poitrinaire au dernier degré retrouver la santé en allant au bain du roi malgré l’interdiction formelle de son médecin. Moi-même [poursuit-il], je m’y baignais en opposition complète avec l’avis de quelques médecins du lieu et m’en trouvais chaque jour un peu mieux. Comment l’eau froide est-elle devenue pareille bête noire ? » se demande SMOLETT, rappelant qu’Hippocrate reconnaissait déjà ses qualités thérapeutiques. Il cite toutefois l’existence d’un médecin qui préconise le bain froid contre la phthisie.
- Les innovations balnéaires britanniques se propagent rapidement sur le continent, notamment sur les rivages de la mer du Nord et de la Baltique, où elles peuvent s’appuyer sur une riche tradition thermale. Comme en Angleterre, les médecins jouent un rôle majeur dans la modernisation de ces stations traditionnelles, par leurs écrits comme par leurs pratiques. [Pour l’histoire des développements continentaux du balnéarisme, nous nous sommes reportés, outre l’ouvrage déjà mentionné de CORBIN, Le territoire du vide…., op. cit., pp292sq, à la publication fort documentée de SAUVAL Catherine, Villes d’eaux en Europe, Paris, Hachette, 1999, laquelle offre un précieux recueil de références littéraires et iconographiques.] A l’origine de la première des grandes stations allemandes, qui voit le jour à Doberan, le docteur Samuel Gottlieb VOGEL est le principal promoteur des vertus thérapeutiques de la mer Baltique. Elles résident de son point de vue dans la facilité d’accès que présente une mer fermée, moins agitée que l’océan car soumise à des marées d’ampleur réduite et offrant des eaux plus chaudes. Inaugurant une tradition qui devient vite générale, il publie chaque année les résultats des cures prescrites dans la station. Son confrère et concurrent, le docteur Lichtenberg, défend alors les qualités médicales de la mer du Nord. Elles résident selon lui dans l’amplitude de ses marées, ses vagues, sa salinité et le sable fin de ses plages. Au delà de ces polémiques médicales, dont l’esprit de boutique va rapidement s’institutionnaliser, le balnéarisme est désormais lancé sur le continent, où il connaît un essor fulgurant.
Balnéarisme et architectures marines
- Le développement de la villégiature balnéaire donne le jour à un urbanisme novateur. A des soucis d’ordre thérapeutique, il associe les indispensables commodités exigées par une clientèle aristocratique, dans la continuité de préoccupations déjà bien établies par le thermalisme. L’architecture balnéaire se distingue toutefois de celle des stations thermales, bâties suivant un schéma concentrique convergeant vers les lieux centraux de la vie mondaine, le Casino, le Grand Hôtel et le kiosque à musique. [ATLAS DE FRANCE, Tourisme et loisirs, Paris, Reclus, 1997, pp113sq.] Elle s’organise à présent autour d’un front de mer auquel aboutissent toutes les rues. L’essor de la thalassothérapie est à l’origine de ces innovations, dont les principaux aménagements concernent la pratique des bains de mer. Les nouvelles stations développent ainsi une véritable architecture marine, élément incontournable de la cure balnéaire. Elle se compose, en règle générale, d’une longue galerie en front de mer, terminée par deux pavillons, l’un réservé aux femmes, l’autre aux hommes. Elle donne aussi accès à un jardin anglais et à la mer par un ponton, ainsi qu’à une terrasse équipée de longues-vues surplombant l’établissement.
- Ces installations s’agrémentent le plus souvent d’une jetée-promenade, permettant de profiter des bienfaits salutaires de l’air marin, des distractions que dispense un orchestre et d’un accès à des installations de bains flottants. [On se reportera aux descriptions du plus prestigieux et du plus moderne des complexes balnéaires français, celui de Dieppe, dans BROCAS, The International Illustrated Album Guide…, op. cit., p188.] Les médecins anglais ont aussi inventé “la voiture de bains”, la bathing–machine. Sa conception révèle le caractère encore rituel de la pratique du bain. Elle offre en effet tout le confort d’un cabinet de toilettes itinérant, avec des banquettes recouvertes de velours, un dressing room comportant costume de bain, serviettes, peignoir ou manteau, tire bottes, brosse et miroir. Le véhicule est immergé à une profondeur d’une vingtaine de centimètres et le patient est alors pris en main par les “baigneurs”, en charge de son immersion. [CORBIN, Le territoire du vide…., op. cit., pp46 et 96.]
Le renouveau de la villégiature
- Les stations balnéaires proposent aussi toutes sortes d’aménagements et de distractions, inspirés par la tradition de la villégiature aristocratique et mondaine. Leur présence se justifie par les vertus médicinales que leur attribuent les conceptions hygiénistes dominantes. Comme le rapporte à ce propos un guide touristique : « de là ces incroyables réunions de malades qui marchent, dansent, montent à cheval, passent une portion de leurs nuits au bal et au trente-et-quarante […/…] Les joies du monde, sans le servage qui en est trop souvent le prix, agissent indépendamment de la propriété curative des eaux comme autant de calmants et de réparateurs » [MORNAND, La Vie des eaux, op. cit., pp10-11.] Cette dimension ludique de la balnéothérapie nécessite la mise en œuvre d’équipements et de services spécifiques, allant des bals aux salons de jeux et aux concerts, en passant par les courses hippiques, les bibliothèques, les excursions et les promenades pédestres ou maritimes, sans oublier la pratique fort appréciée du yachting. Au petit matin, le curiste sacrifie tout d’abord au rituel du bain de mer. Le reste de la journée est animé par les conversations littéraires ou les lectures publiques dans les librairies, les salons de thé ou de whist, les clubs offrant restaurant, billard, bibliothèque et librairie où l’on trouve tous les magazines, les salons de musique, kiosques ou salles de spectacles avec leurs concerts quotidiens, le shopping dans les boutiques de souvenirs, les promenades aménagées en front de mer où des télescopes permettent de contempler le paysage, en passant par les soirées-spectacles égayées de feux d’artifice, les thés dansants ou les bals plus solennels. [D’après les témoignages de BURNEY « Fanny » Frances en 1779, et d’un voyageur anonyme en 1822 à Doberland, rapportés par CORBIN, Le territoire du vide…., op. cit., pp289sq.]
- C’est dans ce cadre que le Badische Hof inaugure, dès 1805 à Baden-Baden, l’hôtellerie de station. A la différence des établissements voués au seul hébergement des voyageurs, ses promoteurs se proposent d’intégrer dans un souci fonctionnel tous les agréments de la villégiature thérapeutique. Cette innovation majeure préfigure l’apparition des palaces qui deviennent, à la fin du XIX° siècle, l’infrastructure maîtresse du tourisme moderne. [AISNER et alii, La ruée vers le soleil, op. cit., pp59sq.] Un même souci anime ces établissements, se traduisant par des espaces conviviaux et festifs extrêmement diversifiés, particulièrement caractérisés par leur luxe ostentatoire. Ils se composent de halls d’accueil majestueux, d’une multitude de salons et de salles à manger, de fêtes ou de bal, ainsi que de bibliothèques et de salons de lecture, de terrasses ou de jardins d’hiver et de toutes sortes de services, allant des bains aux cuisines, en passant par les écuries, les parcs ou les terrains de sports. Indispensables au confort d’une clientèle fortunée, ces nombreuses commodités nécessitent l’emploi d’un personnel pléthorique. Celui ci s’organise suivant une hiérarchie rigoureuse, qui va du gérant à la femme de chambre, en passant par les grooms et les portiers, les chasseurs, les valets de chambre, les cuisiniers et les sommeliers. La fonction d’accueil du tourisme est en train de voir le jour. C’est sur la Côte d’Azur qu’elle va connaître ses principaux développements, avec l’essor des stations climatériques.
3.CLIMATERISME
Des vertus du climat marin
- Avec l’essor du climatérisme sur les côtes méditerranéennes et dans les montagnes des Pyrénées et des Alpes, la villégiature thérapeutique va prendre des formes nouvelles qui sont aux origines du tourisme moderne. A la différence du Nord de l’Europe, le thermalisme reste dominant en France. La transition du thermalisme au balnéarisme a peut-être été affectée par l’éloignement du littoral de la plupart des stations de cure. Elles sont en effet situées dans le Massif-Central, avec Vichy et le Mont-Dore, dans l’Est, avec Vittel et Plombières ou encore dans les régions des Alpes et des Pyrénées, ces dernières offrant autour Pau et de Barèges des destinations particulièrement appréciées par les curistes anglais.
Du thermalisme au climatérisme
- Au début du XIX° siècle, la France ne possède en fait que trois véritables stations balnéaires : Dieppe où le balnéarisme a fait son apparition dès 1760, pour le traitement de la rage, Boulogne qui s’est dotée d’un établissement moderne, dans un style antiquisant caractéristique du goût anglais et Marseille, la première station méditerranéenne à voir le jour. En dehors de ces stations, où l’influence britannique est prépondérante, le littoral français ne connaît jusqu’à la seconde moitié du XIX° siècle que des aménagements sommaires. [MORNAND, La Vie des eaux, op. cit., pp13-160 pour la description des principales stations balnéaires françaises et plus particulièrement les pages 30-32 en ce qui concerne Dieppe et la page 106 pour Boulogne, ainsi que WACKERMANN, Le tourisme international, op. cit., pp30-33, et l’ATLAS DE FRANCE, op. cit., pp108-109 à propos de Biarritz qui accueillait en 1858 quelques 400 curistes britanniques sur un total de 1200 étrangers. En ce qui concerne Marseille, on se reportera aux pages suivantes.] Alors que dans l’Europe du Nord la pratique des bains de mer a rapidement supplanté celle du thermalisme, la France connaît donc une tendance inverse. Les cures thermales françaises bénéficient en effet d’aménagements de grande qualité [LANGEGNIEUX-VILLARD, Les stations thermales…, op. cit., pp29-34 et WALLON Armand, La vie quotidienne dans les villes d’eaux, 1850-1914, Paris, Hachette, 1981.], mis en œuvre dès le XVI° siècle par Henri II et perfectionnés aux siècles suivants par Henri IV et Louis XIV. Si la France fait preuve d’une grande réticence en ce qui concerne le développement du balnéarisme, elle développe par contre, avec l’Italie, un curisme climatique qui deviendra bientôt sa spécificité.
- Les cures thermales des Pyrénées et des Alpes donnent ainsi naissance à un nouveau type de stations, sous l’influence d’une théorisation des vertus médicales des différents climats qui voit alors le jour. La promotion des vertus sanitaires des climats vient en fait compléter l’arsenal thérapeutique élaboré par la villégiature balnéaire. Elle annonce aussi l’apparition de la principale destination du tourisme contemporain, le soleil. La climatothérapie est en effet issue des mêmes conceptions hygiénistes qui ont présidé aux développements du balnéarisme. Elles reposent sur les qualités attribuées à certains climats, comme leur température ou la “pureté” de leur atmosphère. Cette recherche des critères permettant de définir les vertus spécifiques des différents climats s’appuie sur l’élaboration d’un argumentaire savant. A côté de l’influence des médecins anglais, déjà évoquée, les expériences de LAVOISIER [CORBIN, Le territoire du vide…., op. cit., p87.] portant sur les composants de l’air et notamment sur l’oxygène, ont joué un grand rôle dans leur théorisation. La meilleure illustration en est offerte par les études des qualités de l’air marin, lesquelles concluent à sa richesse en oxygène. On ne se contente plus de glorifier les vertus de l’eau de mer, et l’on s’intéresse plus largement aux qualités de l’air, vivifiant ou lénifiant, à celles du sol, de la température, de la luminosité ou de l’ensoleillement. L’essor du climatisme s’accompagne ainsi d’une riche littérature, dont les prétentions scientifiques dissimulent généralement des visées plus mercantiles. Ces enjeux économiques sont importants, puisqu’il s’agit d’attirer la clientèle fortunée indispensable au développement durable des nouvelles stations.
L’émergence du balnéarisme méditerranéen
- Marseille est, en ce qui concerne la France, l’un des principaux foyers historiques du balnéarisme. La pratique des bains de mer y est mentionnée dès le XVIII° siècle. La cité phocéenne abrite alors un médecin inspecteur des eaux, comme dans les grandes stations thermales. [Voir le témoignage de Le Marchand, Voyage à Marseille et à Toulon suivi de pièces diverses, 1790, d’après BABEAU, Les voyageurs en France…, op. cit.] Ces développements précoces s’expliquent à la fois par sa situation privilégiée sur la route du tour, par le minimum d’urbanité et d’infrastructures mondaines qu’elle offre, ainsi que par une tradition de villégiature bien établie. Dès la fin de la Révolution, les plages et les résidences se sont en effet multipliées tout au long du littoral de la Corniche, proposant des agréments aptes à satisfaire aux exigences thérapeutiques et urbanistiques élaborées dans les stations du nord de l’Europe. Un premier établissement de bains moderne est créé à Marseille dès 1807. [Créé par Mme MERCIER dans l’anse du Pharo, cet établissement fut réaménagé par le Dr GIRAUDY DE BOYON, ex-médecin des armées d’Allemagne et d’Italie et ancien chirurgien des hôpitaux de Marseille et de Milan. Il fut concurrencé quelques années plus tard par les aménagements prestigieux de la plage de la Madrague, dus au négociant marseillais VAILHEN, ainsi que par ceux d’Arenc, fondés par le même docteur GIRAUDY. Pour l’histoire du balnéarisme marseillais, on se reportera à PARISIS Jean-Louis, Les folies de la Corniche. Marseille 1800-1990, Marseille, Laffitte, 1992 ainsi qu’à l’article de GRASSI Marie-Claire, « Thérapie et convivialité. La naissance des bains de mer en France au 19ème siecle », in Les espaces de la civilité, Actes du colloque de Clermont-Ferrand, 24-26 mars 1994, Mont-de-Marsan, Ed. Inter Universitaires, 1994, pp.167-184.] Quelques années plus tard, deux nouveaux établissements prestigieux ouvrent à leur tour. Ils connaissent une renommée internationale. Les plages marseillaises offrent dès lors aux curistes, à la mode anglaise, des bassins de natation et des “bains de vague”, recouverts par des toiles de tente et situés à l’extrémité d’une jetée-promenade. Le docteur Louis Joseph Marie ROBERT [Robert Dr Louis Joseph Marie, Manuel des bains de mer sur le littoral marseillais, Marseille, Ricard, 1827.] est le premier théoricien des vertus thérapeutiques du balnéarisme marseillais. Visiblement inspiré par les hygiénistes anglais et leur prédilection pour les rural sports, il préconise à la fois la pratique des bains et celle de la natation : « L’homme qui nage met tous les muscles de son corps en mouvement, il rend son appétit plus vif, il fortifie sa constitution, il obtient une sanguignification plus parfaite et une énergie morale et physique qu’on ne retrouve pas chez celui qui ne s’est jamais livré à cet exercice |écrit le médecin marseillais, ajoutant que la pratique du bain est fort ancienne et populaire en Méditerranée].
- Les pauvres ont indiqué aux riches que la mer est une piscine ouverte à tous les maux des hommes [prétend-il ainsi à propos de l’introduction de la bathing-machine, rebaptisée pour l’occasion “char de Neptune”, qu’il décrit comme] un pavillon ambulant sur quatre roues mobiles, renfermant huit bains qui aboutissent à une galerie commune […/…] facilement exposé à la vague suivant la direction du vent et la volonté du baigneur. » Le balnéarisme continue de se développer dans les décennies suivantes, faisant de Marseille la capitale touristique de la région. La plage des Catalans est alors aménagée, tandis les bains du Roucas-Blanc voient le jour sur la plage du Prado, où se trouve une source d’eau chaude minéralisée, fréquentée de longue date par les habitants du quartier. Inspiré d’une architecture italianisante, l’établissement comporte un hôtel, avec une « installation hydrothérapique [comprenant piscines et douches d’eau froide et chaude] à puissante pression, [installations d’inhalation, buvette, et] hydrofères [pour bains médicamenteux], bain électrique [contre l’anémie et bassins de bains de mer, permettant aussi des] bains de vagues ». [Cette dernière entreprise était due à deux médecins, les docteurs RAMBAUD et FABRE. Cf FABRE Dr, De la goutte, du rhumatisme chronique et de la sciatique, de l’anémie et de leur traitement par l’eau minérale du Roucas-Blanc, Marseille, 1875, d’après FELICIANI J, « Le Roucas-Blanc à Marseille, une histoire d’eau », in Villes d’eaux, histoire du thermalisme, Actes du 117eme Congres national des sociétés savantes, Clermont-Ferrand, oct. 1992, Paris, C.T.H.S., 1994.] Les promoteurs de l’établissement vantent plus particulièrement les qualités purgatives de ses eaux et leurs vertus médicales en matière d’affections scrofuleuses et d’engorgements viscéraux, c’est-à-dire dans le traitement de la tuberculose, ou encore pour les maladies du cuir chevelu. Malgré leur caractère conséquent, ces réalisations ne rencontrent pas le succès attendu. Au sommet de sa gloire, la station phocéenne amorce en effet un irréversible déclin, essentiellement dû à l’expansion de la villégiature “climatique” en direction de Nice et le future Côte d’Azur.
L’invention de la ‘saison d’hiver’
- Les adeptes du tour ont pris l’habitude, depuis le XVIII° siècle, de venir profiter de la douceur du climat hivernal du Midi de la France. Ils quittent « leur patrie aux approches de l’hiver pour aller comme des hirondelles chercher des climats plus doux », écrit à ce propos un contemporain, dans des termes illustrant déjà le caractère migratoire et saisonnier du tourisme naissant. [MOSSYNCKY Comte de, Voyage en Provence, 1783.] Des quartiers réservés aux hivernants se développent rapidement autour des principales villes de la région, Montpellier, Nice, Aix et Marseille, où les “bastides” qui abritent les séjours champêtres de la bourgeoisie locale sont restaurées voire même reconstruites sous l’influence de ces premiers développements de la villégiature. [ATLAS BELFRAM, op. cit.] Interrompu par la Révolution, le mouvement s’intensifie dans les premières décennies du XIX° siècle. L’efficacité présumée des thérapies climatiques va demeurer tout au long de ce siècle une croyance vivace. Son influence sur la physionomie originelle du tourisme sera déterminante. La climatothérapie lui donnera notamment ses principales infrastructures, tout en renouvelant en profondeur les représentations traditionnelles du monde méditerranéen. Le climatisme connaît ses développements les plus innovants en Provence, avec l’invention de la ‘saison d’hiver’, aux origines de la promotion des vertus des climats chauds. Le thermalisme est quasi-inexistant dans ces régions, à l’exception de l’antique station thermale d’Aix-en-Provence alors remise en activité. Elles profitent toutefois de la renommée de l’université de médecine de Montpellier, une ville appréciée depuis longtemps par les adeptes du tour pour la douceur de son climat. [A Palavas et à Sète, les hivernants trouvent ainsi des plages aménagées et même une petite infrastructure thermale, avec les bains de Balaruc et leur source d’eau chaude minérale, évoqués dès le XVIII° siècle par ROTHENHAHN, Voyage…, op. cit. et encore mentionnés en 1891 par le Guide du baigneur et du touriste : eaux minérales, bains de mer, stations hivernales, villes de plaisance, Paris, Cleetes, 1891, qui rapporte l’existence de “deux sources d’eaux minérales {… /…] ordonnées pour une foule de maladies, principalement les rhumatismes”. L’un des premiers voyageurs anglais, le docteur SMOLETT, décrit aussi les établissements thermaux d’Aix en Provence où il séjourne, sur la recommandation de compatriotes vantant leurs vertus en matière « d’asthme nerveux » et de « scorbut ». Ils sont toutefois peu fréquentés et SMOLETT critique par ailleurs les dangers d’un « air extrêmement froid et dangereux pour ceux qui ont des troubles pulmonaires tels que tubercules, abcès et crachements de sang. » Cf SMOLLETT, Travels through France and Italy, op. cit., pp358sq.]
- Le balnéarisme méditerranéen rencontre toutefois un obstacle majeur, le soleil, auquel on attribue alors un risque de congestion. Sa réhabilitation constituera l’un de ses apports majeurs à l’essor du tourisme moderne. A cette époque, les médecins font en effet preuve de la plus extrême méfiance envers les eaux de la Méditerranée. Ils les jugent trop chaudes et dénoncent aussi, outre les méfaits de son soleil, ses plages rocheuses et d’accès difficile, ses eaux profondes, ainsi que les marécages insalubres et paludéens de ses côtes. [GRASSI, Thérapie et convivialité, op. cit ] Un effort de réhabilitation des plages méditerranéennes s’amorce timidement au début du XIX° siècle, autour de la promotion des vertus de l’iode et de leurs eaux plus “minéralisées”. Les stations qui voient le jour sur la future Côte d’Azur, participent en fait d’un arsenal thérapeutique novateur, qu’une riche littérature médicale est en train d’élaborer autour du concept de “climatothérapie”. Malgré les préjugés défavorables que l’on vient d’énoncer, le balnéarisme climatique connaît ainsi des développements réels dans le Sud de la France. L’ensemble du littoral provençal est concerné, de Marseille et Hyères, sur la côte provençale, jusqu’à la Riviera niçoise qui va tirer les fruits de cette irrésistible expansion. Il faudra toutefois attendre le XX° siècle, avec l’apparition de la ‘saison d’été’, pour qu’un véritable renouveau des perceptions du littoral méditerranéen puisse durablement s’imposer.